Histoire des francs-maçons en France

Evoquer la maçonnerie induit souvent un certain nombre de mythes. Parmi eux, celui de la conspiration politique est sans doute le plus répandu. Retracer l'histoire des francs-maçons en France, c'est donc, avant tout, opposer la réalité des faits aux légendes. Cette réalité - l'association d'" hommes libres et de bonnes mœurs " - prend corps vers 1725, à Paris ; elle se prolonge de nos jours autour de trois principales obédiences : le Grand Orient de France, la Grande Loge de France ou encore la Grande Loge nationale française.
Itinéraire mouvementé que celui de la maçonnerie française depuis près de trois siècles. D'abord, parce que deux pôles s'opposent depuis les origines : celui de la mystique pouvant se décliner sous les formes de l'alchimie, des tarots ou de la gnose ; et celui de l'humanisme rationaliste dont les prolongements sont essentiellement politiques.
Ensuite, parce qu'une ambiguïté n'a pas été résolue : la maçonnerie entend s'ouvrir à tous les hommes " de haute valeur morale et philosophique ", et force est de constater son caractère " élitiste " malgré de multiples tentatives pour élargir sa base sociale. Enfin, parce que sa grande souplesse à l'égard des régimes successifs que s'est donné la France semble trahir une attitude opportuniste au détriment d'une éthique de conviction.

Mais sous les dissensions et autres engagements contradictoires se révèle peut-être une richesse que Daniel Ligou a qualifié d'extraordinaire facilité d'adaptation aux hommes, aux Choses et aux circonstances.