La mémoire des pierres

L'idée de monument historique est une notion relativement récente. De tout temps un monument a eu plus un but utilitaire qu'une vocation culturelle. Il a fallu le grand choc de la Révolution française pour que l'opinion prenne brusquement conscience, avec l'abbé Grégoire et Alexandre Lenoir, du témoignage irremplaçable que représentent les œuvres d'art.
À partir de cette époque une lutte ardente va être menée par quelques individualités isolées en faveur de notre patrimoine menacé.
Qui sont ces combattants opiniâtres ?
Ce sont des voyageurs comme Laborde ou Taylor, des écrivains comme Hugo, Montalembert, Barrès, Giraudoux, de hauts fonctionnaires comme Lenoir, Mérimée, Denieul, des ministres comme Guizot ou André Malraux.
Ce sont aussi des aristocrates comme Arcisse de Caumont ou Anne de Amodio, des bourgeois comme Achille Carlier ou le docteur Carvallo, des ouvriers comme Pierre Pottier ou Maurice Duton, l'animateur du Club du vieux manoir. Ces sauveteurs qui appartiennent à des professions et à des milieux sociaux si différents, et dont certains sont à l'origine du service des monuments historiques, ont tous en commun une passion : l'amour des monuments.
C'est à ces personnalités quelquefois discutées mais dont le rôle a été irremplaçable que cet ouvrage est consacré.
Leur lutte ardemment menée en faveur du patrimoine architectural n'a pas été seulement une campagne d'esthètes mais aussi et avant tout un combat pour la liberté.