Banlieue Sud-Est

Entre 1943 et 1944, Villeneuve-Saint-Georges doit aux ateliers du chemin de fer d'être une cible stratégique de choix. Cette position honorifique, dont ses habitants se passeraient fort bien, est due à l'époque - celle de l'occupation avec ses séquelles de couvre-feu, de tickets, de marché noir et de bombardements, En attendant que ce temps passe, il faut. bien vivre. Et autant que possible vivre bien, dit la jeunesse du pays qui, par bandes de garçons et filles entre seize et vingt ans, flirte, danse et se gave gravement de Jazz en se donnant l'air swing.
Ainsi Bernard, principal héros de cette histoire, songe-t-il à quitter son emploi dans une pharmacie afin de jouir du bon de l'air, ce qui implique de garder un coeur libre (et cynique, naturellement). Mais, à dix-sept ans, on n'est pas toujours maître de ses réflexes et lui, que l'amour d'Annie laisse froid, le voilà fou de Zézette l'amie de son copain Cous.
A cet âge, on ne sait pas. très bien ce qu'on fait,.comme dit malicieusement Georges Brassens qui préface le roman. De l'épisode de Reynaldo à la fin brusquée dans un fracas de détonations, c'est tout un fragment de jeunesse, celle de la génération de la guerre, qui ressuscite sous la plume de René Fallet – provocante et un peu gâcheuse, fleur bleue quand même sous ses dehors désinvoltes.