Généalogie de la morale

L'analyse généalogique des concepts moraux les définit dans leur réalité socio-économique : elle épouse la dialectique des choses, c'est-à- dire tout à la fois les transformations du réfèrent et celles de la fonction sociale de ce référent, mais encore elle découvre, dans les séries historiques, la dialectique des significations, c'est-à-dire les transformations des désignations en même temps que celles des concepts.
Le problème généalogique est généralement un problème silencieux se posant au sein des transformations linguistiques et à leur base dans la vie de la communauté.
La généalogie est donc l'histoire de la filiation et de l'engendrement des valeurs et des concepts que des hommes ont élaborés pour " sélectionner " l'homme, ce qui veut dire : soit pour l'exploiter au service de quelques-uns, soit aussi pour promouvoir l'humanité entière.
Avec ce savoir nouveau, les valeurs supérieures retrouvent leur sol originaire, la pratique se distingue du sens, et le sens surajouté à la pratique apparaît alors désolidarisé, remis en question et s'effaçant devant un nouveau développement possible de cet " animal aux caractères non définis " qu'est l'homme.