Le fer de Dieu

C'est plus qu'un roman sur la guerre d'Indochine qu'a écrit René Hardy, avec Le Fer de Dieu. C'est toute la tragédie de l'homme d'aujourd'hui, écartelé entre l'emprise écrasante de la matière et la nostalgie de l'esprit. Si violent est le conflit qu'on ne s'étonnera pas de voir ici le héros, pour s'arracher au marécage, aller droit à la mort, à la fois comme à un suicide, comme à l'accomplissement d'une destinée et comme à une délivrance qui doit le rendre à lui-même. Cette marche à la mort, il la fait, tourné vers la pure image d'un frère qu'il a voulu revoir et qui dirige un petit monastère, à la frontière des combats. C'est un livre d'une grande passion, mais aussi d'une grande pitié humaine, où l'odeur de la pourriture se mêle à celle de la sainteté ; un roman qui fait penser à Malraux : le coup de maître d'un jeune romancier extraordinairement doué.