Les lauriers de cendre

Aulus scrutait le visage de sa femme. Les servantes bredouillaient les formules de conjuration. Terentia allait mourir. Le travail durait depuis trop longtemps, et la nuit pesait sur Rome. Terentia fixait en haletant une des taches brunes du plafond. Au milieu des vagues de douleur qui la submergeaient, elle se concentrait sur l'immobilité de ce point. Quand il disparaîtrait, la vie la quitterait. Un spasme la secoua. Elle sentit son ventre se déchirer. La force étrangère écartait son bassin, le poussait à se rompre. Ses traits se contractèrent dans l'attente de cet éclatement. Aulus détourna les yeux. Le visage convulsé de sa femme lui faisait horreur. Son regard se dirigea vers Lysios. L'homme appuyait sur le ventre de Terentia pour la soulager. Aulus avait acheté très cher cet esclave qui prétendait descendre d'Hippocrate.
Il lui lança avec colère :
" Ecoute-moi bien, maudit Grec. Il paraît que tu es un des meilleurs accoucheurs d'Athènes. Si ma femme meurt, je ferai graver le nom d'Hippocrate au fer rouge sur ton front. Puis je t'enfermerai dans un sac rempli de vipères et je te jetterai au Tibre pour te punir de m'avoir privé de descendance ! "