Lettres à Doubenka

Á lui seul, le récit de l'odyssée américaine de Bohumil Hrabal racontée dans ces lettres á April Gifford - rebaptisée Doubenka (elle fut á l'origine de sa tournée dans les universités des ''États Bénis'' en 1989) - aurait donné un récit haut en couleurs, mélangeant culture et biére, Warhol, Kerouac et Susan Sontag, les jambes de femmes entrevues dans les automobiles et les charmes des serveuses noires. Mais nous sommes en 1989 et, en écrivant ses lettres, Hrabal est sans cesse rappeé á la réalité de ce qui se passe autour de lui á Prague: les angoisses de l'été, l'arrivée de milliers d'Allemands de l'Est campantdans les jardins de l'ambassade de la République fédérale, la répression violante de la manifestation étudiante du 17 novembre et enfin l'apothéose: Václav Havel, élu président de la Tchécoslovaqui, faisant son entrée dans la cathédrale Saint-Guy En mariant dans ces textes sont voyage en Amérique et les événements de Prague, Hrabal, qui a touours été un virtouse des entrecroisements et des juxtapositions cocasses ou fulgurantes, donne une fois encore toute mesure de son génie.