Trop de sang pour cette croix

Sur la route sinueuse, un camion flambait. Un autre explosa dans un grondement d'apocalypse. Des pièces de métal chauffé à blanc fusèrent jusqu'aux gouvernementaux qui cherchaient un dérisoire refuge parmi les rochers du torrent.
- A toi ! cria Mahmoud à l'adresse de son lieutenant.
Roukh leva les bras vers les hommes de son groupe. Les petits cylindres basculèrent dans le ravin. Des éclatements secs, des volées de terre et de pierre, la lueur orangée des explosions...
Accroupis derrière leurs abris de fortune, les partisans se redressaient à peine. Leur bras décrivait une parabole fulgurante et les grenades fusantes plongeaient comme autant d'insectes au ventre trop lourd pour supporter le vol. Et, chaque fois qu'un cadavre pantelant sautait sous la déflagration, on entendait le cri de guerre des Pech Mergua :
- Kurdistan hia namaa ! Me Kurdistan ou la mort !