Thé à l'opium

Demoiselle de bonne famille, Bianca, petite nièce du Pape et amie intime des fils Mussolini, plutôt que de suivre la voie sans embûches qui s'ouvre devant elle à la sortie du couvent, va se jeter au cou d'un jeune officier de l'armée de Chiang Kai-shek et le suivre en Chine où la guerre contre l'envahisseur japonais fait rage. Là, tandis que son mari accumule les galons et les défaites, elle aura de nombreux enfants, quelques amants et des besoins pressants d'argent qui la feront devenir trafiquante d'or, organisatrice de « soirées fines » où elle n'hésitera pas à donner de sa personne, enfin espionne pour le compte de l'occupant, ce pour quoi elle sera condamnée à mort après la victoire des alliés.

Graciée in extremis, la voilà de retour en Europe avec sa petite tribu à nourrir, remariée plusieurs fois, installée dans le Paris des années 50 où elle assiste Christian Dior...
L'extraordinaire, dans tout cela, n'est pas tant le rocambolesque de l'aventure, malgré sa rigoureuse authenticité, que l'époustouflante façon dont le récit est mené. Pas un instant, en effet, Blanca Tain n e cherche à se disculper, encore moins à se vanter de ce qu'elle a pu faire. Elle l'a fait, elle le dit.